Depuis quelques jours, l’un des leviers censé faciliter le financement de la rénovation énergétique des logements est sous le feu des critiques. L’accès à l’éco-PTZ, qui peut se coupler au dispositif MaPrimeRénov’, avait été simplifié à l’automne. Depuis, ce financement à taux zéro n’a été octroyé que… 130 fois ! Selon le ministère de la Transition énergétique, il y a pourtant 5 millions de logements mal isolés en France.
L’accès à l’éco-PTZ a été simplifié à l’automne
Depuis plusieurs mois, le Gouvernement a fait plusieurs annonces en faveur de l’éco-PTZ. Alors qu’il devait disparaître, l’éco-prêt à taux zéro (éco-PTZ), destiné à financer les travaux de rénovation énergétique, a d’abord été prolongé jusqu’à la fin 2023.
En parallèle, le ministre du Logement, Olivier Klain, a annoncé en novembre 2022 des facilités d’accès à ce financement, très utiles pour financer le reste à charge dans le cas d’une rénovation énergétique.
Depuis près de six mois, il est ainsi possible de solliciter directement auprès de sa banque un éco-PTZ couplé aux aides de MaPrimeRénov’ afin de financer ce reste à charge. Il suffit de présenter à sa banque un accord de principe d’éligibilité délivré par l’Agence nationale de l’habitat (Anah). Auparavant, il fallait fournir toute la liste des travaux à effectuer, devis à l’appui et contrôlé par l’Anah, puis solliciter sa banque.
Un montant plus élevé et des facilités de remboursment
Le ministre du Logement, Olivier Klein avait aussi annoncé en novembre 2022 un renforcement de ce dispositif. Depuis le 1er janvier 2022, son montant peut ainsi atteindre jusqu’à 50 000 € (contre 30 000 € auparavant), avec la possibilité de le rembourser sur 20 ans (contre 15 précédemment).
L’éco-PTZ est un financement à taux zéro consacré aux propriétaires de résidence principale ou aux bailleurs qui louent un logement à titre de résidence principale. L'éco-PTZ permet de financer des travaux de rénovation énergétique dans un logement. Contrairement à certaines aides de l'Agence nationale de l'habitat, il n'est pas soumis à des conditions de revenus. Cependant, seuls certains travaux sont éligibles et peuvent être financés.
Bref, par ces différentes mesures, le Gouvernement semblait miser à fond sur ce dispositif pour relever les enjeux de rénovation énergétique en France.
Selon le ministère de la Transition énergétique, « aujourd’hui encore, dans notre pays, près de 5 millions de logements sont mal isolés (« passoires énergétiques ») et 3,8 millions de ménages ont des difficultés à payer leur facture de chauffage. Afin de massifier la rénovation des logements et des bâtiments tertiaires et d’accélérer les économies d’énergie, de nouvelles formes d’actions et de financements sont mobilisées. »
Le fiasco de l’éco-PTZ couplé à MaPrimeRénov’
Sur le papier, tout portrait à croire que l’éco-PTZ allait être massivement sollicité. Pourtant très peu d’éco-PTZ couplés à MaPrimeRénov’ ne semblent avoir été débloqués. C’est du moins ce que vient de révéler le journal Le Parisien selon lequel seulement 130 dossiers auraient été validés depuis six mois !
Le ministre du Logement s’est défendu en invoquant « une phase de décollage » ou encore « une montée en charge tout au long de l’année grâce à la simplification ». Pour autant, le problème viendrait de la volonté d’une partie des banques à proposer l’éco-PTZ. Toutes les banques ne le proposeraient pas encore. Toujours selon le Parisien, le groupe BPCE (Banques populaires et les Caisses d’épargne), le Crédit agricole et la Banque postale le proposent déjà. Tandis que le Crédit mutuel et le CIC seraient en train de préparer son déploiement.
Pour autant, selon le Parisien, les réseaux bancaires ne feraient pas tellement la promotion de l’éco-PTZ. Rien d’étonnant cela dit : avec les remontées de taux directeurs successives, l’octroi de crédit à l’habitat ne cesse de se contracter depuis plusieurs mois. Les prêts à taux zéro, ne générant que peu de marge pour les établissements bancaires, ne sont donc pas vraiment leur priorité.
Des contreparties trop lourdes
L’autre frein à l’octroi de l’éco-PTZ serait aussi les contreparties exigées par les banques aux ménages le sollicitant. Certaines banques exigeraient de la part des ménages de souscrire à leur assurance « maison » pour garantir l’éco-PTZ. C’est d’ailleurs souvent le cas lors d’un prêt souscrit auprès d’une banque : les mensualités se composent du remboursement du capital, des intérêts et de l’assurance. Dans le cadre d’un éco-PTZ, souscrire à une assurance n’est pourtant pas obligatoire. D’ailleurs, si les Français sollicite ce prêt, c’est bien parce qu’il est sans frais !
Le manque de volonté de certaines banques, qui rechignent à promouvoir ce dispositif d’aides, a de quoi décourager de nombreux ménages. Voilà qui explique, sans nul doute, le nombre décevant d’éco-PTZ ayant été octroyés depuis six mois.
Pouvez-vous nous préciser pourquoi ? (facultatif)