Daniel Chahbouni : « A Mériel, la demande était déjà forte et cela ne va pas changer »

Blandine Rochelle
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En attendant de savoir à quoi ressemblera réellement « le jour d’après », nous avons demandé à Daniel Chahbouni, gérant de l’agence Art Demeure, à Mériel, de dresser un état des lieux du marché immobilier mériellois, dans le Val-d'Oise, ainsi que des projections post-confinement.

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Daniel Chahbouni : « A Mériel, la demande était déjà forte et cela ne va pas changer »
Mériel est une commune presque exclusivement pavillonnaire qui attire de plus en plus de personnes vivant en appartement. © Patryssia

Quelles répercussions la crise sanitaire pourrait-elle avoir sur le marché immobilier français ?

Daniel Chahbouni.  Pour l’instant, ce qui me rassure, c’est la réaction des banques dans le futur. Nous avons encore peu de vision, mais certains acquéreurs, qui ont acheté leur bien à travers l’agence, ont obtenu un prêt immobilier pendant le confinement, et les banques ont été particulièrement réactives, ce qui a tendance à me rassurer. Ces acquéreurs ont reçu un accord de prêt par téléphone, sans conditions et en l’espace de quelques heures. Cela peut nous laisser penser que les banques vont jouer le jeu et si tel est le cas, nous retrouverons simplement le marché là où il en était.

Et où en est justement le marché mériellois ?

Avant le confinement, il était dynamique avec beaucoup de demandes et peu de biens à la vente. Je pense qu’il devrait repartir rapidement, en particulier si les banques soutiennent les emprunteurs. Nous avons encore beaucoup de demandes de visites actuellement malgré le confinement, donc nous voyons que les acquéreurs maintiennent encore leurs projets et sont dans l’attente de les concrétiser. Les acquéreurs sont donc toujours présents, en revanche les vendeurs sont plutôt attentistes. Actuellement, j’ai le sentiment que le confinement a ouvert les yeux à pas mal de personnes qui souhaitent vivre en pavillon plutôt qu’en appartement.

Vous observez donc un regain d’intérêt pour les maisons et les biens avec des espaces extérieurs ?

Le secteur de Mériel est très pavillonnaire et attire déjà beaucoup de personnes en temps normal. Depuis le confinement, d’autres personnes s’y intéressent encore davantage. Dans notre secteur, nous attirons notamment des habitants de Ermont, Franconville, Saint-Leu-la-Forêt, des villes dans lesquelles l’immobilier est élevé et où la plupart des gens vivent en appartement. Or, les personnes, qui ont le budget pour acheter un appartement dans ces communes, ont également le budget pour acheter un pavillon à Mériel, où nous ne comptons presque pas d’immeubles, le secteur est très pavillonnaire.

Daniel Chahbouni, gérant de l’agence Art Demeure à Mériel

« Mériel était déjà un marché de report pour des raisons budgétaires, mais il le sera encore davantage à l’avenir et pour des raisons de qualité de vie. Le confinement incite les personnes vivant en appartement à se tourner vers un pavillon ».

Beaucoup de demandes et peu d’offres : cela devrait permettre de maintenir les prix, voire de les tirer vers le haut ?

C’est en effet ce que l’on observe généralement dans l’immobilier, et cela peut rassurer les vendeurs. Nous étions déjà sur un marché tendu, qui va se tendre davantage, les biens se font rares et l’immobilier augmente en conséquence. C’était une tendance que nous observions avant le confinement, et ça ne va probablement pas changer. J’ai toujours très peu d’estimations, et mon agence est la seule implantée à Mériel. Avant le confinement, les estimations étaient déjà peu nombreuses, et depuis le confinement, il y en a encore moins.

Quels conseils donner aux personnes qui se tiennent prêtes pour un retour à la normale ?

Vis-à-vis des acquéreurs, il important de se renseigner au sujet du marché et des prix du secteur. Il suffit de comparer les annonces, notamment en ligne, depuis chez soi, c’est tout à fait possible de s’imprégner des informations sur un marché immobilier à distance. Il faut se tenir au courant de ce qui se vend à l’instant T, des nouveautés et observer la durée de mise en vente des biens. Il faut vraiment observer et s’informer sur le marché pour être prêt au moment de reprendre les visites. Cela permettra d’être réactif, surtout sur un marché tendu.

« On ne peut pas faire des ventes sur une visio : les acquéreurs attendent de pouvoir s’imprégner de l’atmosphère et de l’environnement du bien »

Daniel Chahbouni, gérant de l’agence Art Demeure à Mériel

Est-ce que vous organisez des visites à distance, notamment par visio ?

La visio donne des indications aux acquéreurs, mais ça ne représente pas fidèlement la réalité non plus et les acquéreurs ne s’y trompent pas. On ne distingue pas l’environnement du bien, on ne peut pas s’imprégner non plus. L’achat immobilier repose notamment sur le ressenti que l’on a lorsque l’on passe la première porte, or on ne peut pas le ressentir sur la visio. Ça permet de guider l’acquéreur, de l’occuper, de le faire patienter, éventuellement de faire un premier tri. Mais l’achat se concrétise bel et bien dans le réel, et tant que les visites réelles n’auront pas repris, on ne pourra pas conclure de ventes. Dans mon agence, j’ai mis en place les visites en visio dès 2010, et ça peut intéresser certains acquéreurs, mais pas plus que des photos en définitive, et pas au point de conclure des ventes.

Au sortir du confinement, l’immobilier sera-t-il, plus que jamais, une valeur « refuge » ?

L’immobilier a toujours été une valeur refuge. L’immobilier, ce n’est pas de la spéculation : c’est une nécessité, car tout le monde a besoin de se loger. Tout le monde a, un jour ou l’autre, envie de changer de logement, notamment lorsqu’on agrandit la famille. Dans la mesure où l’immobilier est un besoin, il reste forcément une valeur refuge. En période de crise, l’immobilier baisse toujours un peu, mais ça n’empêche pas les personnes d’y revenir dans tous les cas.

Si l’on regarde en arrière, depuis 100 ans, l’immobilier a toujours augmenté, parce que l’immobilier est calqué sur la valeur de la monnaie et la valeur de la monnaie change continuellement : avec 150 000 € aujourd’hui, on s’achète un petit logement, alors qu’il y a 20 ans, un budget d’1M de francs était conséquent. Dans la mesure où la valeur de la monnaie augmente, l’immobilier ne peut qu’augmenter également.

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Daniel Chahbouni, gérant de l'agence Art Demeure
Daniel Chahbouni est gérant de l'agence Art Demeure, située à Mériel, dans le Val d'Oise.
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