Le diagnostic de performance énergétique (DPE) se retrouve une fois de plus sous le feu des projecteurs. Conçu pour évaluer la consommation énergétique d’un bien immobilier, il est devenu un outil indispensable lors de la vente ou de la location d’un logement. Cependant, son prix pourrait bientôt connaître une hausse significative, en raison des nouvelles réglementations imposées aux diagnostiqueurs. Ces évolutions, bien que nécessaires pour améliorer la fiabilité du DPE, risquent de faire grincer des dents de nombreux propriétaires. SeLoger fait le point sur cette situation complexe.
La fiabilité du DPE en question
Depuis sa mise en place, le DPE a fait l'objet de nombreuses critiques, notamment concernant sa fiabilité. À titre d’exemple, le magazine 60 millions de consommateurs alertait en 2022 sur les erreurs fréquentes commises par les diagnostiqueurs, telles que des évaluations incorrectes du système de chauffage, des confusions sur la date de construction ou encore des erreurs sur la surface du bien. Ces approximations entraînent parfois des conséquences lourdes, certains propriétaires se retrouvant avec des étiquettes énergétiques dévalorisantes, en dépit de travaux coûteux réalisés pour améliorer la performance énergétique de leur bien.
Face à ces critiques, le gouvernement a décidé d'agir : un décret publié en 2023 a introduit des mesures destinées à renforcer les compétences des diagnostiqueurs, avec une entrée en vigueur fixée au 1er juillet 2024. Ces nouvelles règles imposent des formations plus approfondies, un renouvellement plus fréquent des certifications, ainsi que des contrôles accrus. Si ces mesures visent à renforcer la crédibilité du DPE, elles ont également un impact financier non négligeable pour les professionnels du secteur.
Des coûts en hausse pour les diagnostiqueurs
Avec l'entrée en vigueur des nouvelles réglementations, les diagnostiqueurs immobiliers doivent aujourd'hui faire face à des coûts de certification nettement plus élevés. Le coût de la certification s'élevait auparavant à environ 12 000 € pour une durée de 7 ans ; il atteint désormais 30 000 à 45 000 €, depuis le 1er juillet 2024. Cette augmentation considérable est due à l'obligation de suivre des formations plus longues et plus coûteuses, ainsi qu'à la mise en place de contrôles plus fréquents et rigoureux.
Ces coûts supplémentaires se répercuteront inévitablement sur le prix des DPE. On peut anticiper une augmentation de l’ordre de 10 à 15 % dans les prochains mois. Actuellement, le prix d'un DPE tourne autour de 120 €, mais il varie en fonction de la superficie du logement, de sa localisation, et du système de chauffage utilisé. Outre le coût de la certification, il faut également prendre en compte l'augmentation des primes d'assurance Responsabilité Civile Professionnelle : elles ont grimpé de 13 % en 2023, après une hausse de 12 % en 2022. Cette hausse est liée à l'augmentation des sinistres et des coûts de réparation, qui pèsent lourdement sur le secteur.
Si le DPE seul coûte en moyenne 120 €, le prix total d’un ensemble de diagnostics immobiliers est plus élevé. Il est rare de n’avoir à réaliser qu’un DPE, dans le cadre d’une vente immobilière.
Un marché du diagnostic immobilier en pleine expansion
La hausse des prix des DPE ne sera pas uniforme sur tout le territoire. Dans les grandes villes, où la concurrence est particulièrement féroce, certains diagnostiqueurs pourraient être contraints de maintenir leurs tarifs actuels, au risque de voir leurs marges se réduire considérablement. Certains territoires font face à une concurrence intense, exacerbée par un marché immobilier très dynamique, notamment après la crise sanitaire.
Entre 2019 et 2023, le nombre d'entreprises spécialisées dans le diagnostic immobilier a explosé, passant de 5 300 à 8 600, soit une augmentation de 62 %, selon une étude de Xerfi. Aujourd'hui, environ 11 500 diagnostiqueurs exercent en France, et cela crée une pression concurrentielle particulièrement forte dans les zones urbaines. Cette concurrence accrue pourrait conduire certains professionnels à proposer des tarifs plus compétitifs pour attirer les clients. C'est notamment le cas pour l’audit énergétique, devenu obligatoire en avril 2023 pour la vente de maisons individuelles. Alors qu’en 2023, son prix oscillait entre 800 et 1 000 €, il est désormais possible de trouver des offres autour de 500 €. Les propriétaires sont donc encouragés à comparer les devis pour obtenir le meilleur prix.
Un DPE plus coûteux, mais indispensable
Malgré les critiques et les perspectives d'augmentation de ses tarifs, le DPE demeure un outil essentiel pour les propriétaires, les acquéreurs et les locataires. Il offre une évaluation précieuse de la performance énergétique d'un logement, permettant ainsi d'anticiper les travaux nécessaires pour améliorer son efficacité énergétique. De plus, une mauvaise note DPE peut entraîner des conséquences significatives sur la valeur d’un bien. Par exemple, un logement classé F ou G, souvent qualifié de « passoire énergétique », peut voir sa valeur chuter de 15 à 20 % par rapport à un bien noté D, selon l'association des notaires de France.
L’importance croissante du DPE dans le cadre de la transition énergétique est indéniable. Les logements classés F et G seront progressivement interdits à la location entre 2025 et 2028, puis ce sera le tour de ceux classés E, en 2034. Cette contrainte légale incite de nombreux propriétaires à entreprendre des travaux de rénovation énergétique pour améliorer la note de leur bien. Malgré ses imperfections, le DPE joue ainsi un rôle primordial dans la dynamique du marché immobilier et dans la lutte contre les passoires thermiques.
Les diagnostiqueurs sont soumis à des formations de plus en plus poussées. L'un des objectifs de ces nouvelles obligations est d’éviter les diagnostics et DPE de complaisance ou falsifiés.
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