Soupçons de fraude au permis de construire : quelles conséquences pour votre projet ?
Pour obtenir un permis de construire, certaines personnes peuvent tenter de tromper l’administration sur la réalité de leur projet. Lorsqu’elle est prouvée et qu’elle a influencé la décision, la fraude peut entraîner le retrait du permis à tout moment, après une procédure contradictoire, et ne peut pas être régularisée par un permis modificatif.
Qu’est-ce qu’une fraude en urbanisme ?
En matière d’urbanisme, la fraude désigne une manœuvre volontaire destinée à tromper l’administration afin d'obtenir un permis de construire. Elle suppose des actes accomplis avant la délivrance du permis — par exemple, la transmission de faux documents ou de données mensongères. Pour être reconnue, la fraude doit être établie par des preuves.
La fraude n’a de conséquence juridique que si elle a influencé la décision de l’administration. Autrement dit, une fraude portant sur un élément sans incidence sur la délivrance du permis n’est pas sanctionnée au titre du droit de l’urbanisme.
Comment la fraude est-elle sanctionnée ?
Lorsqu’une fraude est prouvée, l’administration peut retirer le permis de construire à tout moment, sans limite de délai. C’est une exception au principe général qui limite le retrait d’une autorisation d’urbanisme à trois mois après sa délivrance.
Le retrait du permis frauduleux est une obligation pour l’administration. Si elle ne s’y conforme pas, le juge administratif peut l’y contraindre, notamment à la demande d’un tiers, comme un voisin du projet.
Quelle procédure et quelles limites ?
Avant tout retrait, l’administration doit engager une procédure contradictoire, afin de respecter les droits de la défense. Le titulaire du permis est ainsi invité à présenter ses observations et à faire valoir ses arguments.
Enfin, une fraude ne peut pas être régularisée par le dépôt d’un permis de construire modificatif : le permis frauduleux est considéré comme nul dès l’origine.
Références juridiques
- Article L424-5 du Code de l’urbanisme
- Conseil d'État, Sixième et Première chambres réunies, 9 octobre 2017, Société les Citadines, 398853, fiché B
- Conseil d'État, Sixième et Première sous-sections réunies, 06 décembre 2013, 354703, fiché B
- Conseil d'État, Première et Quatrième chambres réunies, 05 février 2018, SCI Cora, 407149, fiché B
- Réponse ministérielle numéro 03567, Journal officiel du Sénat, 10 novembre 2022, page 5629, monsieur le sénateur Jean-Louis MASSON
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