Installer des toilettes sèches à la maison, que faut-il savoir ?

Laetitia Lapiana
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Connaissez-vous les toilettes sèches ? De plus en plus usitées, en France et ailleurs, elles ont l’avantage d’être plus écologiques et économiques que nos sanitaires classiques, sans nécessiter de grands travaux pour leur installation en intérieur ou en extérieur. Comment fonctionne ce type de toilettes ? Comment les installer chez soi ? Quelles sont les règles à respecter ? On vous dit tout.

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toilettes sèches
Les toilettes sèches sont plus écologiques, car elles n'utilisent pas d'eau et contribuent à la protection de l'environnement, grâce au recyclage des déchets humains en compost. © Getty Images
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Toilettes sèches : une alternative écologique et économique

À l’heure du dérèglement climatique et de la prise de conscience de la rareté de nos ressources les plus précieuses, comme l’eau, les solutions qui proposent des alternatives à nos habitudes de vie et de consommation domestique rencontrent un succès croissant. C’est le cas des toilettes sèches qui – comme leur nom l’indique – fonctionnent sans eau pour l’évacuation des déchets humains. Et qui dit « Fini, la chasse d’eau ! », dit l’équivalent de 4 à 8 litres économisés à chaque utilisation. Si les économies d’eau sont là, les bénéfices ne valent pas que pour le portefeuille. De fait, les toilettes sèches fonctionnent en mode circulaire de façon à permettre la valorisation des déchets et leur recyclage en compost de type fumier, réutilisable dans le jardin.

Qu’en dit la loi ? Quelle est la réglementation ?

Autorisée en France depuis 2009, l’installation de toilettes sèches chez soi exige néanmoins de respecter un certain nombre de règles pour être dans les clous, et ne pas s’attirer ennuis et autres déconvenues. De fait, selon l’article 17 de l’arrêté du 7 septembre 2009, s’il n’est pas obligatoire de raccorder des toilettes sèches aux réseaux d’assainissements collectifs ou autonomes, la loi impose de se conformer à certaines conditions pour leur installation :

  • Ne causer aucune sorte de nuisances pour le voisinage.
  • Ne pas générer de rejets liquides en dehors de la parcelle.
  • Ne pas entraîner de pollution des eaux superficielles ou souterraines.

Comment ça marche ?

Les toilettes sèches fonctionnent selon deux grands principes, du plus simple au plus élaboré :

  • Les toilettes sèches à litière bio maîtrisée : les déjections humaines sont ici récupérées ensemble dans un seau étanche, contenant des matières végétales organiques, comme la sciure de bois. Celles-ci vont à la fois absorber les liquides et se mélanger aux matières solides pour en contenir les odeurs.
  • Les toilettes sèches à séparation d’urine à la source ou à compost (à utiliser exclusivement en position assise) : plus élaboré, ce système permet de récupérer les liquides et les solides dans deux cuves distinctes. Le but est de traiter les matières solides par compostage, afin de produire un engrais « naturel » gratuit et riche en nutriments, réutilisable dans le jardin, et surtout au potager. Quant aux urines, elles font l’objet d’un traitement à part, et sont soit stockées en vue d’une utilisation écologique future, soit évacuées par le réseau des eaux ménagères.

Contrairement aux idées reçues, les toilettes sèches ne sont pas synonymes de mauvaises odeurs ! Leur mode de fonctionnement et les matières utilisées pour la « litière », comme les sciures ou les copeaux de bois, permettent d’absorber l’humidité, et donc de stopper la fermentation des déjections, tout en favorisant le processus de compostage.

Comment les installer ?

Afin de répondre à ces impératifs et s’assurer d’une installation conforme, pratique et fonctionnelle, les toilettes sèches requièrent un peu d’anticipation et de logistique pour être installées chez soi, que ce soit en intérieur ou en extérieur :

Pour les toilettes sèches en intérieur, l’installation est relativement aisée, et peut se faire dans une petite pièce dédiée ou dans n’importe quel recoin d’une buanderie, d’un cellier, ou même d’une chambre, s’il est possible de bien séparer l’espace. Différents modèles existent en kit. Il est aussi possible de fabriquer des toilettes sèches soi-même, si on est un peu bricoleur. Le principe repose sur la création d’un caisson en bois, qui accueillera une lunette de WC classique, avec son abattant en surface, ainsi qu’une cuve ou un réservoir étanche juste en dessous, à l’intérieur du caisson, afin d’accueillir les déjections et les matières organiques pour produire du compost. L’idéal est aussi de prévoir une réserve à sciure à proximité, ou sous le caisson, pour plus de praticité.

Pour les toilettes sèches en extérieur, si l’installation du caisson et des cuves s’effectue à l’identique, il faudra prévoir en revanche un abri dédié de type « cabanon au fond du jardin ». Il devra se trouver au plus près de l’aire de compostage, dans un lieu ombragé et facile d’accès pour le stockage de la sciure ou autres matières organiques, comme les feuillages et les branchages. Pour aller au plus simple et faire l’impasse sur les autorisations d’urbanisme ou de permis de construire, l’idéal est d’opter pour une cabane d’un maximum de 5 m2.

Quid des vidanges et du compostage ?

Eh oui, c’est là où le bât blesse ! En effet, si les toilettes sèches ont l’avantage de fonctionner sans arrivée d’eau, sans électricité et sans système d’évacuation, cela implique de réaliser les vidanges par soi-même. Si votre commune d’habitation n'organise pas le ramassage des déchets produits par les toilettes sèches, vous serez donc de corvée « vidange » ! Avec une installation conforme, une bonne organisation et un équipement adapté, comme de grands seaux – de préférence en inox ou en tôle émaillée, et d’une capacité de 20 à 40 litres, selon la fréquence d’utilisation et le nombre de personnes dans le foyer –, le tour peut se jouer facilement. Il faut prévoir une vidange par semaine pour une famille, voire toutes les deux semaines pour un couple. Considérées comme des déchets verts, les déjections humaines « compostées » – c’est à dire mélangées avec de la sciure dans leurs seaux de réception – doivent être vidées sur une aire de compostage étanche, à l'abri des intempéries. Elle doit également être conçue de façon à éviter tout écoulement, et donc toute pollution des eaux.

Pour rester cohérent dans un projet à valeur environnementale, il est recommandé d’utiliser du papier toilette recyclé et non blanchi qui, outre ses avantages écologiques, est autrement plus qualitatif pour le compost.

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