Un arbre de mon jardin menace de tomber sur la voie publique : suis-je responsable ?

Morgane Jacquet
Partager sur
FacebookTwitterLinkedin

La présence d’un arbre instable en limite de propriété soulève d’importantes questions de responsabilité civile pour le propriétaire. En cas de chute sur la voie publique ou sur des tiers, sa responsabilité peut être engagée, notamment en cas de défaut d’entretien. L’article fait le point sur les obligations du propriétaire et les pouvoirs du maire en matière de sécurité publique.

Image
Chute d'un arbre chez le voisin
La chute d’une branche peut engager la responsabilité du propriétaire en cas de défaut d’entretien. © Getty Images
Sommaire

La responsabilité civile de droit commun du propriétaire

Selon les dispositions du premier alinéa de l’article 1242 du Code civil, le propriétaire d’une chose, en l’occurrence un arbre, est présumé responsable du dommage qu’elle cause.

En d’autres termes, si un arbre implanté dans votre jardin tombe sur un véhicule, un piéton ou tout autre élément de la voie publique, votre responsabilité civile peut être engagée.

Il ne s’agit toutefois que d’une présomption.

L’obligation d’entretien et de prévention

En tant que propriétaire, vous devez effectuer un entretien raisonnable : élagage, surveillance régulière, inspection en cas de tempête ou d’intempéries.

Par ailleurs, en cas de risque avéré de chute sur la voie publique, l’inaction peut également constituer une infraction pénale (ex. : mise en danger d’autrui).

Le défaut d’entretien peut être qualifié de faute, renforçant la responsabilité civile. Dès lors, une simple négligence peut suffire.

Les pouvoirs du maire en matière de sécurité publique

La voie publique relève de la police administrative du maire, en vertu de l’article L. 2212-2 du Code général des collectivités territoriales.

Le maire intervient également au titre du règlement sanitaire départemental. En premier lieu, il doit faire respecter les dispositions du règlement sanitaire départemental (RSD), en application de l’article L. 1421-4 du Code de la santé publique.

Ainsi, il lui revient d’adresser, en tant que de besoin, des injonctions aux particuliers ne se conformant pas aux dispositions de ce règlement.

La procédure à mettre en œuvre en pareil cas requiert :

  • la mise en œuvre d’une procédure contradictoire préalable (articles L. 121-1 et L. 122-1 du Code des relations entre le public et l’administration : en pratique, le maire doit envoyer un courrier au propriétaire lui précisant les faits susceptibles de lui être reprochés et solliciter ses observations sur les mesures que le contrevenant compte prendre) ;
  • la mise en demeure du propriétaire de procéder au nettoyage de son terrain ;
  • si la mise en demeure est restée infructueuse, la constatation des infractions par procès-verbal.

Il vous appartient de vous rapprocher des services internes de votre département afin de consulter le RSD.

L’intervention du maire sur le fondement du Code général des collectivités territoriales (CGCT)

Aux termes des articles L. 2213-25, L. 2212-2 et L. 2243-1 et suivants du CGCT, le maire peut intervenir, lorsqu’un terrain n’est pas entretenu, à plusieurs titres :

  • pour des motifs environnementaux, sur le fondement de l’article L. 2213-25, offrant la possibilité à la commune d’agir d’office en cas de carence du propriétaire à entretenir son bien (terrain non bâti ou partie de terrain non bâtie) ;
  • en toute hypothèse, en cas d’atteinte à l’ordre public, en s’appuyant sur les dispositions de l’article L. 2212-2 ;
  • si le bien est sans occupant à titre habituel, en mettant en œuvre la procédure de déclaration de parcelle en état d’abandon prévue par les articles L. 2243-1 et suivants.

Attention : l’inaction de la commune peut engager sa responsabilité administrative.

L’intervention de la commune n’a pas pour effet de vous décharger de votre responsabilité civile.

Les hypothèses d’exonération

Vous pouvez vous dégager de votre responsabilité civile en démontrant un cas de force majeure, tel qu’un événement imprévisible, irrésistible et extérieur (ex. : intempéries). Attention toutefois : la jurisprudence demeure exigeante. Un épisode météorologique annoncé ou courant dans la région où vous vous situez ne constitue pas un cas de force majeure (Cour de cassation, chambre civile 2, 13 mars 1974, n° 72-14.601, publié au Bulletin).

Si vous pensez qu’un arbre de votre jardin menace de tomber, vous pouvez :

  • prévenir la mairie de votre commune, notamment en cas de menace sur la voie publique ;
  • faire intervenir un professionnel (ex. : élagueur, arboriste) afin d’évaluer le danger ;
  • prendre immédiatement des mesures de sécurisation (ex. : élagage, abattage si nécessaire) ;
  • vérifier votre contrat d’assurance responsabilité civile ou habitation.

Références juridiques

  • Article 1242 du Code civil
  • Articles L2212-2, L2213-25, et L2243-1 et suivants du Code général des collectivités territoriales
  • Article L1421-4 du Code de la santé publique
  • Articles L121-1 et L122-1 du Code des relations entre le public et l‘administration
  • Cass., Civ. 2, 13 mars 1974, 72-14.601, publié au Bulletin
Vous avez un projet d'achat immobilier ?
Cet article vous a été utile ?
1
0

Pouvez-vous nous préciser pourquoi ? (facultatif)

Partager sur
FacebookTwitterLinkedin
Plus de conseils
Télécharger l'app SeLoger
Ces articles peuvent vous intéresser
A la une !