Au moment où la crise du logement bat son plein et où les solutions alternatives à l’étalement urbain vont bon train, le Bimby, qui consiste à diviser son terrain pour en revendre une partie ou pour y construire un nouveau logement « au fond du jardin », commence à prendre de l’ampleur, surtout dans les zones pavillonnaires où l’offre est insuffisante ou inadaptée. Une démarche de densification douce qui fait de plus en plus d’adeptes et qui offre divers avantages aux vendeurs et aux collectivités. Décryptage.
Le Bimby, c’est quoi ?
Acronyme anglais au demeurant fort sympathique, le Bimby, pour « Build in my Backyard », littéralement « construire dans mon arrière-cour » ou « au fond de mon jardin », répond à une démarche opérationnelle ayant pour but la densification douce des communes périurbaines, via la division de pavillons ou de parcelles, favorisant la construction d’habitats individuels dans des secteurs déjà bâtis. En réponse à la crise du logement, cette démarche foncière permet de produire une offre diversifiée et adaptée, prenant place dans des zones urbanisées où tout est déjà là – commodités, infrastructures, équipements, transports, commerces... Et ce, afin de répondre aux besoins de proximité et de qualité de vie de la population – étudiants, jeunes actifs, seniors, retraités, familles... – tout en proposant une alternative parmi d’autres à l’étalement urbain.
En vogue dans les pays anglo-saxons, le Bimby a vu le jour il y a une quinzaine d’années en France, dans le cadre de l’appel à projets Villes durables, retenu par l’Agence nationale de la recherche (ANR).
Bimby, concilier renouvellement urbain et sobriété foncière
Parler de densification des zones urbaines et périurbaines ne rime pas, a priori, avec développement durable et protection de l’environnement. Les freins techniques et d’opinion sont d’ailleurs nombreux à ce sujet. Pourtant, dans le cadre des objectifs du Zéro artificialisation nette des sols (ZAN), le Bimby permet non seulement de lutter contre l’étalement urbain, mais aussi, et c’est là son ambition, de préserver les sols naturels, forestiers et agricoles des potentielles opérations d’aménagements visant à les transformer en territoires urbains, ce qui peut entraîner une imperméabilisation des sols. La solution ? Rendre mobilisable au maximum la réserve foncière existante dans les jardins des quartiers pavillonnaires, notamment dans les zones tendues, là où la demande peine drastiquement à rencontrer l’offre.
Fixé par la loi Climat et Résilience du 22 août 2021 pour limiter le réchauffement climatique, l’objectif de « Zéro artificialisation nette des sols » (ZAN) à horizon 2050 passe aussi par la mise en place de solutions de densification douce, comme l’habitat participatif, la surélévation ou la division de terrains artificialisés via le Bimby.
Quels avantages pour les propriétaires de maisons individuelles ?
Souvent décriée, voire stigmatisée, la densification douce du tissu pavillonnaire présente pourtant de nombreux avantages pour les propriétaires d’une maison individuelle. Nombreux sont en effet ceux qui disposent d’un grand jardin, dont ils ne profitent pas toujours pleinement ou qu’ils n’ont pas les moyens d’entretenir. En optant pour la division de leur parcelle, une multitude de possibilités s’offrent à eux :
- Mobiliser une partie de leur patrimoine foncier pour réaliser divers projets.
- Construire un deuxième logement en bout de terrain pour y accueillir de la famille, des proches, le louer à l’année ou de façon saisonnière afin de générer des revenus complémentaires.
- Revendre une partie de leur terrain à un tiers pour y accueillir un projet de construction.
- Profiter de cette plus-value pour financer divers projets, sachant que la motivation première est souvent celle d’entreprendre des travaux dans son propre logement – rafraîchissement, réhabilitation, rénovation énergétique, aménagement des combles, extension... – afin de l’adapter pleinement à ses besoins et aspirations, ainsi qu’à l’évolution de ses modes de vie – recomposition familiale, retraite, perte d’autonomie, etc.
- En cas de décision de vendre son bien, la division parcellaire permet de générer une confortable plus-value, à condition de posséder une parcelle suffisamment grande pour y accueillir a minima deux constructions selon les contraintes du PLU.
Pratiqué spontanément depuis longue date par les propriétaires de maisons individuelles, Bimby répond tout autant aux intérêts des collectivités, via une démarche d’expérimentation nationale et « open source », qui permet de proposer une offre de logements au cœur même du tissu pavillonnaire déjà existant, à moindre coût et en préservant les espaces naturels.
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